L’épicurisme

 

 

L’école épicurienne est fondée en 306 avec J.-C.  Le IVème siècle est le siècle de la rivalité entre les cités d’Athènes, Sparte et Thèbes. Athènes passe successivement sous le joug d’anciens lieutenants d’Alexandre, roi de Macédoine qui vient de soumettre la Perse et a atteint le nord de l’Inde. Jusqu'à la conquête romaine, les Grecs ne peuvent retrouver de façon durable le régime classique. La philosophie épicurienne renonce à envisager l’homme comme étant d’abord un citoyen. Elle préfère le positionner de façon à lui donner les moyens de trouver le bonheur.

 

Comment être heureux ? Selon Epicure, quatre facteurs empêchent d’entre heureux :

. la crainte des dieux,

. la crainte de la mort,

. la crainte de la douleur,

. l’insatisfaction.

 

Le philosophe fait quatre propositions fondamentales présentées comme remède, le « tétrapharmakos ».

 

La crainte des dieux.

Au cœur de la philosophie épicurienne se trouve le désir d’être libre. Or, l’homme grec est persuadé que ce sont les dieux qui gouvernent son destin. Il vit dans la crainte permanente des dieux. Dans la « lettre à Hérodote » et la « lettre à Pythoclès », Epicure s’attache à démontrer qu’une intervention des dieux dans le monde ou une survie de l’âme sont impossibles. Il présente des dieux « immortels et bienheureux » qui ne connaissant aucun trouble, aucun souci et ne s’occupent pas des affaires humaines. Les dieux sont éloignés du monde et possèdent le bonheur visé par le sage.

 

Epicure reprend la théorie atomiste de Démocrite et la tempère. Démocrite explique tous les phénomènes par les mouvements et les rencontres dans le vide qui les sépare. Tous nos actes seraient déterminés par le strict mécanisme atomique, un déterminisme physique qui annihile le principe de choix et de responsabilité. Lucrèce va par un raisonnement par analogie expliquer que le mouvement des atomes en prenant l’exemple des grains de poussière dans les rayons du soleil. Contre le destin traditionnel, contre celui des philosophes stoïciens et aussi contre la nécessité démocritéenne, Lucrèce montre qu’il y a dans la nature un principe de mouvement libre qui « brise les lois du destin ». C’est le « clinamen », déviation atomique : les atomes ne chutent pas en ligne droite, il y a une déviation aléatoire. Cette déviation rend concevable l’initiative délibérée, la démarche volontaire.

 

La crainte de la mort

 « La mort n’est rien » : il n’y a rien à craindre de la non-vie qui est non-sensibilité. Notre âme est en effet composée d’atomes subtils qui, au  moment de la mort, ne sont plus retenus par notre corps et se dispersent dans tous les sens.

 

La crainte de la douleur

La douleur est toujours limitée : extrême, elle est brève car elle est signe d’une destruction de la nature ; la mort survient alors rapidement. Quand, en revanche, elle dure longtemps, nos sens vont s’émousser rapidement et la douleur s’atténuer.

 

L’insatisfaction

La sensation nous désigne le plaisir comme un bien. Il suffit en effet, d’éprouver ou de sentir le plaisir pour savoir qu’il est bon, tandis que nous fuyons la douleur qui n’est que souffrance. Epicure classe les différents plaisirs qui rendent le bonheur possible. Il distingue les plaisirs naturels et nécessaires qui portent sur des objets nécessaires à la vie même (boire quand on a soif par exemple), au bien-être (les vêtements), au bonheur (l’amitié ou la philosophie) des plaisirs naturels et non nécessaires. Les premiers sont faciles à satisfaire et laissent le corps et l’âme en repos. Les seconds, les désirs naturels et nécessaires sont bons par eux-mêmes, mais peuvent parfois si l’on en devient esclave introduire dans la vie plus de désagréments que de plaisirs (désirs sexuels ou esthétiques). Enfin les désirs ni naturels ni nécessaires apportent plus de douleurs que de plaisirs parce qu’incapables d’être satisfaits (la richesse ou la gloire).

 

Le sage saura faire preuve de discernement et jouir d’autant mieux des plaisirs qui se présentent qu’il sait qu’aucun n’est absolument nécessaire à son bonheur : ce sont des plaisirs donnés par surcroît, délectables quand ils sont là mais qui ne doivent pas manquer quand ils n’y sont pas. Le bien-être du corps est appelé « aponia », le bien-être de l’esprit « ataraxie » (absence de troubles).


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