LA CONSCIENCE

 

  

 

Le mot conscience vient du latin « cum scientia » qui signifie « savoir ensemble », « savoir rassemblé ». Dans l’étymologie nous trouvons déjà une idée de synthèse. Au sens général, la conscience est le savoir intérieur immédiat que l’homme possède de ses pensées, de ses sentiments et de ses actes.

 

La conscience est une expérience qui semble irrécusable. Tout le monde se surprend en train de penser. Mais cette existence est problématique. Se pose d’une part la question de la nature de ce sujet : le sujet est-il une chose ? la conscience est-elle elle aussi une chose qui reste identique à travers la modification incessante des états de conscience ? La conscience n’est-elle pas plutôt un acte, une façon de se projeter dans le monde ?

Par ailleurs, la conscience suffit-elle à définir ce que nous sommes ? N’est-elle pas, comme Freud le pense, la partie la plus faible de notre psychisme qui serait gouverné par l’inconscient ?

 

 On distingue généralement plusieurs types de conscience : la conscience immédiate ou spontanée, la conscience réfléchie et la conscience morale.

 

la conscience immédiate ou spontanée. Elle est liée à l’expérience, elle a une base sensible. Si l’on me demande « qu’est-ce que tu vois ou entends ? », je peux décrire le paysage avec les couleurs, les éléments qui le composent. Je peux aussi définir les bruits qui surgissent. Cette conscience renvoie à la simple présence de l’homme à lui-même au moment où il pense, sent, agit, etc. C’est la conscience empirique ou spontanée.

 

Mais dans cette activité de contemplation, j’ai aussi conscience que je vois et que j’entends. Je suis conscient que je regarde. La conscience a donc aussi une capacité réflexive qui fait un retour sur soi. C’est le propre de la conscience humaine. C’est la conscience réfléchie ou conscience de soi. La conscience réfléchie est différée et a la capacité de faire un retour sur ses pensées ou ses actions et de les analyser.

 

La conscience morale est celle qui se retourne sur elle-même et se juge. Elle désigne un état moral qui met en jeu le bien et le mal. Cette conscience est une « voix intérieure ». La conscience réfléchie et la conscience morale sont liées. C’est parce que nous somme intellectuellement conscients de ce que nous faisons que nous pouvons en être tenus pour moralement responsable. La conscience implique donc la responsabilité, c'est-à-dire la capacité de pouvoir répondre de ses actes et de ses pensées.

 

Dans tous les cas, la conscience, par cette possibilité de faire retour sur elle-même, est également conscience de soi. Elle fait de l’homme un sujet capable de penser le monde qui l’entoure. C’est en elle en effet qui prennent racine le sentiment de l’existence de la pensée et de la mort. La conscience est donc le propre de l’homme et si elle fait sa misère, elle constitue aussi sa grandeur : «l’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant » écrit Pascal dans les Pensées.

 

Difficile de reconnaître aux animaux, y compris aux animaux domestiques, une conscience morale. Le monde animal ignore le vice comme la vertu et se caractérise par son innocence. L’innocence caractérise ici l’ignorance absolue des prescriptions morales. Il est donc inutile de faire la morale à un chat et lui rappeler qu’il ne doit pas faire de mal en griffant.

 

 

QU’EST-CE QUE LA CONSCIENCE ?

 

Définir la conscience, c’est tenter une approche du sujet, la conscience étant le siège de la pensée. Elle signe notre humanité et notre présence au monde. Descartes souligne avec force le caractère fondateur de cette présence.

 

Descartes et le cogito (René Descartes – 1596/1650)

 

Dans les Méditations métaphysiques, le philosophe explique que l’homme grâce à une méthode, à des règles certaines et faciles, est en mesure de conquérir le vrai par lui-même, par ses propres forces et par un bon usage de la raison. Par le recours au doute méthodique et la mise à distance de l’autorité, Descartes fonde le rationalisme moderne, celui qui a repris les choses entièrement par le commencement comme le dira Hegel.

 

Le but de Descartes : trouver quelque chose de ferme et de constant, trouver la vérité.

 

La méthode : le doute en quatre étapes

 

. doute sur les connaissances acquises par l’instruction et l’éducation. Descartes a suivi l’enseignement des Jésuites et il s’interroge sur le savoir reçu. Il reconnaît qu’il n’a pas pu vérifier ce qu’il a appris. Il peut donc légitiment en douter car cela pourrait bien être un préjugé.

 

. doute sur les connaissances apprises par les sens avec notamment les illusions d’optique (mirage, bâton droit qui paraît cassé dans l’eau, etc.) Puisque les sens sont parfois trompeurs, ils ne sont pas fiables, donc nous pouvons douter des connaissances qui en découlent.

 

. doute sur les situations. Est-ce un rêve ou une réalité ? Dans les Méditations métaphysiques, il est là sur un fauteuil à deux accoudoirs, un livre posé sur l’un d’eux, devant un feu de cheminée. Il se demande : « qu’est-ce qui me prouve que je ne suis pas en train de rêver ? »  Rien. Donc, nous pouvons aussi légitimement douter des toutes les situations.

 

. doute sur les éléments d’une situation. Je suis peut être en train de rêver. Mais pour que le rêve existe, il faut que le fauteuil, l’accoudoir, le livre existent.

 

Mais n’y aurait-il pas un mauvais génie, un malin qui me fait croire que j’ai tel corps alors que rien n’existe ? Donc, nous pouvons douter de tout. Ce doute certifie qui je suis car douter c’est penser et penser, c’est être quelque chose car «pour penser, il faut être. »

 

C’est à ce stade qu’il faut comprendre que le doute est chez Descartes une méthode, un outil méthodologique qu’il va pousser à son paroxysme pour examiner ce qui résiste au doute.

 

Définition de la méthode : « Par méthode, j’entends les règles certaines et faciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observent exactement ne supposeront jamais vrai ce qui est faux et parviendront sans se fatiguer en efforts inutiles mais en accroissant progressivement leur science,  à la connaissance vraie de tout ce qu’ils peuvent atteindre ». (Règles pour la direction de l’esprit IV).

 

Définition du doute : distinct du doute sceptique, définitif et radical, le doute est chez Descartes une méthode, un procédé par lesquels nous rejetons provisoirement tout ce qui n’est pas certain, d’une évidence absolue.

 

Qu’est-ce qu’une évidence ?  Ce qui se présente si clairement et si distinctement à l’esprit qu’on ne peut le mettre en doute (première règle de la méthode).

 

Chez René Descartes, la méthode se décompose en quatre étapes :

 

. l’évidence,

. l’analyse,

. la synthèse,

. l’énumération.

 

 

Et aboutit à l’indubitable : le cogito

 

A première vue, il semblerait qu’avec le doute, tout soit remis en question. Pas tout à fait : il reste le phénomène de douter qui caractérise la pensée et qui définit tous les hommes. Donc, tous les hommes sont égaux car ils ont une conscience. Le doute conduit à la saisie du cogito, de la conscience de soi et donc au « Je pense, je suis » qui ne saurait être ébranlé car il naît au sein d’une évidence. Ce « Je pense » est l’origine à partir de laquelle Descartes peut reconstruire ; un point fixe est assuré. Une certitude absolue, une vérité indubitable est mise en place et sert de point de départ à la reconstruction de tous les savoirs. Cette mise à distance du monde, cette suspension des jugements permet l’émergence du « je ».

 

Qui suis-je ? Je suis donc quelque chose qui pense. Cette définition semble banale et générale mais c’est précisément parce qu’elle est générale qu’elle est vraie. En effet, tous les hommes pensent, tous les hommes ont une conscience. La différence c’est qu’ils pensent à des choses différentes et c’est là la différence. Le fait de penser est général. Penser définit donc l’homme universel.

 

D’où « cogito ergo sum », je pense donc je suis. Penser et être sont identiques et définissent l’homme. Le sujet pensant et conscient de lui-même devient donc ce à partir de quoi s’ordonne toute vérité : il n’y a de connaissance possible du monde des objets que pour un sujet qui pense et se saisit d’abord comme pensée, c’est-à-dire comme conscience. Même si je pouvais douter du contenu de toutes mes représentations, je ne pourrais douter qu’elles sont mes représentations et qu’elles trouvent leur unité en moi, c'est-à-dire dans l’unité du sujet qui les pense.

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