La matière et l’esprit

 

 

Le corps humain est composé de 40 milliards de cellules. Notre cerveau traite les informations qui proviennent de nos sens. Il les sélectionne, les associe, les hiérarchise pour leur donner une signification et faire émerger une information. Comment matière et esprit interagissent-ils ? On appelle matière toute substance sensible. Elle est « l’objet » de nos sensations. Nous sommes également faits de matière, une matière qui a la faculté de se percevoir elle-même. Aristote appelle aussi matière, un thème, un sujet. Dans ce cas, ce n’est rien de sensible mais cela désigne la base, le socle à partir duquel l’esprit se met en marche.

 

La matière nous met donc en relation avec notre esprit. On appelle esprit le principe intelligible et rationnel qui régit le monde et raison ce qui guide la pensée humaine. La raison construit le sens en fonction d’une logique. Elle est un principe de réflexion qui invite à la mise en route de l’intelligence. En apparence, matière et esprit s’opposent puisque l’une est sensible et l’autre sensé.

 

1 – Qu’est-ce que la matière ?

 

La matière n’est pas aisée à définir car nous n’en saisissons que les manifestations. La matière se décline en différentes formes : métal, gaz, etc. Aristote distingue la matière première qui est pure indétermination de la matière seconde qui est le matériau destiné à être transformé par le travail et la pensée.

 

2 – Qu’est-ce que l’esprit ?

 

Même chose pour l’esprit. Nous ne connaissons de lui que ses matérialisations au travers des actes, des œuvres. Nous ne le percevons que lorsqu’il se risque dans le monde et pour cela, il a besoin de matière.

 

C’est pourquoi, matière et esprit ne peuvent se saisir que dans un rapport dialectique, soit des contradictions qui se surmontent, se dépassent pour parvenir à un absolu. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi.

 

3  - Supériorité de l’esprit sur le corps

 

Dans l’idéalisme antique, l’esprit est pensé comme supérieur au corps. Le corps humain est condamné à l’imperfection et à la mort puisqu’il est voué à la corruption c'est-à-dire au changement et à l’usure. L’esprit est un principe immatériel et puissant, qui souffle dans la chair des hommes et à travers l’univers pour y faire naître la raison, l’ordre et la beauté.

Platon est un idéaliste. Les Idées sont plus réelles que les choses. L’Idée est une essence ; elle est antérieure à sa copie, visible dans le monde sensible. Donc, les idées sont plus réelles que les choses qui participent d’elles ; elles sont éternelles.

 

Les idées ont plus de réalité que les objets sensibles aussi parce qu’elles sont plus nécessaires qu’eux. D’abord parce qu’elles en sont la condition de leur existence et ensuite parce que les idées ne peuvent pas ne pas être ce qu’elles sont.

 

Les corps, en revanche, sont changeants, variables, parce qu’ils sont soumis au devenir. Ils sont donc inconnaissables car que vaudrait une connaissance qu’il faudrait sans cesse modifier. La matière est donc secondaire et imparfaite, voire gênante.

 

Pour Platon, comme pour Descartes, la connaissance rationnelle ne se conçoit que de manière théorique et abstraite. La vérité ne se trouvant que dans les essences stables, il faut pour la connaître dépasser les phénomènes. Ils sont de simples apparences que nos sens nous transmettent sans les analyser. Il s’agit donc de les critiquer et de s’en méfier.

 

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