L’histoire

 

 

Etymologiquement, histoire signifie « enquête ». Parmi les ouvrages anciens redécouverts pendant la Renaissance, il y a celui d’Hérodote, qu’on intitule l’Histoire par la tradition littérale de ce mot grec historia qui signifie en réalité « enquête ». Hérodote est ainsi le père de cette discipline. Les sociétés traditionnelles sacralisent l’univers et les mythes organisent le rapport au monde. Hérodote (V siècle avant J.-C.), écrivit ses histoires après avoir voyagé dans toute la Grèce. Il a laissé une masse d’information et accorde pour la première fois une réelle importance au cadre géographique. Mais Hérodote reste un conteur de mythes. A la différence du conte, le récit historique se veut véridique, fruit d’enquêtes. C’est Thucydide, une vingtaine d’années après Hérodote, qui introduit la méthode critique.

 

La naissance de l’histoire va de pair avec une désacralisation du monde et un recul des mythes. Sans les abolir totalement, car la croyance au progrès est une forme nouvelle de mythe. L’histoire, concept universellement partagé par toutes les cultures, ne devient donc science historique qu’à partir du moment où le conteur, le chaman, le prêtre, laissent la place à l’enquêteur sceptique. Mais cette connaissance historique est-elle scientifique pour autant ?

 

Longtemps, l’histoire a désigné un simple rassemblement de documents sans souci d’explication. Aujourd’hui, c’est une discipline à part entière qui étudie le passé de l’homme. Cette discipline pose deux questions essentielles : l’histoire est-elle une science ? Peut-on donner un sens à l’histoire ?

 

C’est parce que l’homme ressent avec acuité sa condition de mortel qu’il se construit. Le passé n’existe que si nous en avons conscience. Les animaux vieillissent mais ils n’ont pas conscience de leur histoire. Aucun animal ne reconstitue une histoire ou raconte une histoire. L’existence historique semble donc une conquête de l’humanité. C’est un fait culturel : seul l’homme s’intéresse à son passé comme nous le montre toute commémoration historique.

 

Nous sommes les héritiers de tous ceux qui nous ont précédés. Cela suffit-il pour déterminer un sens à l’histoire ? Peut-on cerner à l’avance l’avenir de l’humanité ?

 

L’histoire, mémoire de l’humanité

 

L’historicité est le privilège propre à l’homme d’avoir conscience de vivre dans l’histoire. Le temps est la condition nécessaire de toute existence humaine. C’est aussi la condition universelle et nécessaire de toute connaissance. Cette expérience du temps est une expérience vécue, éprouvée, subjective, à tout jamais insaisissable. Mais si l’homme individuel est plongé dans le temps, face à la mort, son existence historique s’inscrit dans la durée de l’humanité.

 

L’histoire, mémoire de l’homme

 

L’histoire est la connaissance du passé humain selon la définition des historiens. Elle est la reconstitution du passé humain. Elle recueille les évènements produits par les hommes et leur donne sens. Seul l’homme fait l’histoire, car seul il en a conscience. On a longtemps pensé que seules les cultures de l’écrit avaient donné naissance à l’histoire. Cette idée sous-entend que les sociétés sans écriture n’ont pas d’histoire. Certes, il est incontestable que l’histoire, en tant que discipline, est liée à l’écrit, mais puisque le temps passe pour tous, aucune société n’échappe au changement. Ainsi, toute société a une histoire, la connaît et la transmet.

 

Temps linéaire ou temps cyclique ?

 

Dans les trois religions monothéistes, le temps est linéaire : il commence quand Dieu chasse Adam et Eve du paradis, lieu hors du temps où personne n’est soumis aux vicissitudes de la temporalité. Depuis, l’humanité vit entre la chute et la rédemption. La fin des temps sera le jugement dernier et la venue du royaume de Dieu sur terre. C’est pourquoi dans cette perspective linéaire, l’histoire est liée à la notion de progrès : l’humanité progresse vers la fin de l’histoire.

 

La pensée grecque ignore cette notion d’histoire cumulative. Le progrès n’est pas une valeur positive dans la société grecque car tout ce qui change se corrompt. Platon n’assigne de valeur qu’au monde intelligible et immuable. Pour les Grecs, le temps est cyclique. Tout recommence toujours, éternellement. Dans cette conception cyclique, le progrès ne peut exister. Il n’y a ni début, ni fin mais un éternel recommencement du même.

 

Mais cette distinction entre histoire linéaire et histoire cyclique est-elle objective se demande Claude Lévi-Strauss dans Race et Histoire ? Ne procède-t-elle pas plutôt de la perspective ethnocentrique dans laquelle nous nous plaçons toujours pour évaluer une culture différente. L’ethnocentrisme est une attitude qui prend pour modèle de référence sa propre société et fait que les autres cultures apparaissent alors comme étranges et étrangères. La science historique naît avec l’enquête

 

C’est dans le temps que l’homme acquiert une dimension historique. Il laisse des traces (monuments, documents, etc.). Ce temps mémorisé détermine l’histoire cumulative, c'est-à-dire qui progresse, une histoire en marche, par opposition à l’histoire stationnaire, celle des sociétés premières qui n’ont pas un rapport linéaire au temps et vivent imbriqués dans la nature et connectés aux dieux. La façon de concevoir le temps conditionne le rapport à l’histoire.

 

La méthodologie de l’historien

Deux questions se posent : celle de la méthodologie et de la possibilité d’une connaissance historique. Quelle méthode utilise l’historien ?

 

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