Dans un paysage rocheux et escarpé, Oedipe,personnage de la mythologie grecque, est nu, de profil, face à une sphynge. Ce monstre, au visage et au buste de femme, au corps de lion et aux ailes d'oiseau, s'est placé dans l'ombre d'une grotte. Oedipe donne la solution de l'énigme que le sphinx lui a posée comme à tout voyageur passant dans cet endroit de la région de Thèbes. Lorsque le monstre lui demanda : "Quel est l'être doué de la voix qui a quatre pieds le matin, deux à midi et trois le soir ?", Oedipe répondit qu'il s'agit de l'Homme puisque, enfant, il marche à quatre pattes, adulte, il marche sur ses deux jambes, et, vieux, il s'aide d'une canne. Au bas du tableau, un pied coupé et des ossements humains évoquent les voyageurs précédents qui ont péri après avoir échoué à répondre. Au fond, un compagnon d'Oedipe épouvanté s'enfuit. On devine plus loin encore des constructions de la ville de Thèbes. 

 

Le thème de l'œuvre est celui du triomphe de l'intelligence et de la beauté humaine. Cette scène est aussi celle de l'homme face à son destin puisque l'exploit d'Oedipe l'amène à devenir roi de Thèbes et à épouser sa mère Jocaste, comme l'oracle l'avait annoncé à sa naissance. Il règne longtemps en paix et a, de sa mère, deux filles. Brusquement la peste éclate et les Thébains interrogent à nouveau l’oracle. Voici sa réponse : la peste cessera quand on aura chassé du pays le meurtrier de Laïos. Epouvanté par les crimes qu’il a commis sans le vouloir Œdipe se crève les yeux et quitte sa patrie.

 

Voici ce qu’en dit Freud dans L’interprétation des rêves : « Sa destinée nous émeut parce qu’elle aurait pu être la nôtre, parce qu’à notre naissance l’oracle a prononcé contre nous cette même malédiction. Il se peut que nous ayons tous senti à l’égard de notre mère notre première impulsion sexuelle, à l’égard de notre père notre première haine ; nos rêves en témoignent. Oedipe qui tue son père et épouse sa mère ne fait qu’accomplir un des désirs de notre enfance. Mais, plus heureux que lui, nous avons pu, depuis lors, dans la mesure où nous ne somme pas devenus névropathes, détacher de notre mère nos désirs sexuels et oublier notre jalousie à l’égard de notre père. Nous nous épouvantons à la vue de celui qui a accompli le souhait de notre enfant, et notre épouvante a toute la force du refoulement qui depuis lors s’est exercé contre ces désirs, le poète, en dévoilant la faute d’Œdipe, nous oblige à regarder en nous-mêmes et à y reconnaître ces impulsions qui, bien que réprimées, existent toujours (…).


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