La vérité

 

 

Philosophes, scientifiques, religieux, tous recherchent la vérité. Pour affirmer la vérité, il faut la connaître et la découvrir. La vérité peut être considérée de deux manières :

 

. comme une quête transcendantale individuelle,

. comme un jugement scientifique reconnu comme vrai.

 

La vérité n’est pas synonyme de réalité, en ce sens que la vérité n’est peut être pas conforme à ce que nous en percevons, et toute vérité n’est jamais établie de façon définitive. La vérité conserve aisément ses mystères et faire des découvertes ne suffit pas à l’appréhender totalement. Ainsi, il faut rester prudent et toujours ouvert au possible lorsqu’on parle de vérité.

 

Remarque préalable :

. dans l’Antiquité, philosophie et sciences se confondent. C’est au XVIIème siècle qu’elles se différencient vraiment.

 

Les quatre attitudes communes aux sciences et à la philosophie pour la recherche de la vérité sont :

. l’interrogation,

. l’étonnement,

. le doute,

. la contestation.

 

C’est en dialoguant qu’on se rapproche de la vérité (voir les notions d’autrui et de  maïeutique chez Socrate).

 

Pour parvenir à une vérité, on peut employer la méthode du doute, observer ce qui résiste au doute (le cogito chez Descartes).

 

Pour qu’il y ait vérité, l’accord des consciences est nécessaire. Ex : 2 + 2 = 4 est une vérité. Mais si l’accord des consciences est nécessaire, il n’est pas suffisant. Exemple : tous les hommes s’accordaient pour dire que la terre était plate ce qui était une erreur.

 

 

1 – Approche générale : les raisons de rechercher la vérité

 

Quelques intérêts immédiats et quotidiens

 

La santé physique

 

Notre vie biologique n’est possible que grâce à la connaissance de certaines vérités.  Par exemple : il est indispensable de  savoir que le feu brûle, que certains aliments sont nuisibles à notre santé, etc. La vérité est ici une vérité des effets : il n’est pas nécessaire de connaître les causes, il n’est pas nécessaire de savoir pourquoi le feu brûle (la connaissance des causes est le but du savant).

 

La vie au quotidien

 

Sans connaître les lois de la nature, il est nécessaire d’avoir un minimum de connaissances vérifiées pour vivre correctement dans le monde et pour que celui-ci ne soit pas un danger perpétuel. C’est ici le rôle de l’éducation (parents et tuteurs).

 

La vie matérielle et les échanges

 

Une connaissance même rudimentaire des vérités mathématiques est nécessaire dans la majorité des pays où l’argent règle les échanges. Et une connaissance de la géométrie est nécessaire pour le menuisier, charpentier, etc.

 

Un intérêt moins immédiat : théorique

 

A la différence de l’animal, l’homme est un être curieux qui cherche à comprendre son fonctionnement ainsi que le fonctionnement du monde. Donc, il cherche à connaître les lois qui régissent le monde. Certes, ces connaissances sont utiles mais avant cette utilité, le savant cherche à connaître pour savoir, par simple curiosité. Tout savant se pose la question : « que puis-je savoir ? » (Kant)

 

Un intérêt éthique

 

Comment agir ? « Que dois-je faire ? » Un homme digne de ce nom s’est toujours posé cette question qui est une question morale. Il comprend qu’agir sans réfléchir, sans se poser la question « que dois-je faire ? », le maintient sous l’emprise de l’impulsivité et le prive de sa liberté.

 

Un intérêt métaphysique

 

Qui suis-je ? Dieu existe-t-il ? Que m’est-il permis d’espérer ? Quelle possibilité après la mort ? Tout homme s’est au moins une fois posé ce type de question que l’on appelle métaphysique car elles se situent au-delà d’un savoir expérimental.

 

D’où l’homme est indissociable de l’exigence de vérité.

 

Qui n’a jamais rêvé de ne plus faire d’erreur pour éviter une sanction ou une humiliation ? Qui n’a jamais rêvé de ne pas douter car le doute est angoissant ? Qui n’a jamais rêvé de connaître totalement son fonctionnement ainsi que celui du monde ? Qui n’a jamais rêvé de trouver la porte du bonheur ?

 

2 – Les critères de la vérité

 

Retenir un critère signifie déterminer une règle pour discerner le vrai du faux. Existe-t-il un critère universel de vérité, un signe qui permette de reconnaître infailliblement le vrai.

 

1) la vérité comme transcendance

 

Dans toute religion, la vérité est détenue par la divinité. Les religions monothéistes sont des religions révélées où les écritures tiennent une place centrale. La vérité est révélation.

Pour Platon, la vérité se trouve dans le monde des idées, monde immuable car la vérité a besoin de permanence : ce qui est vrai doit l’être toujours. La vérité est transcendantale, absolue ou n’est pas. Pour Platon, vérité  =  monde des idées.

La vérité absolue est du domaine de la foi, du dogme ou de l’idéal ce qui ne peut pas représenter un critère universellement reconnu.

 

2) la vérité comme adéquation au réel

Pour certains (Aristote), la source de la connaissance vient du monde sensible tandis que pour Descartes, la vérité se trouve dans l’évidence du cogito. La seule certitude démontrable est la pensée. La vérité découle des principes innés qui viennent de Dieu.  Je peux douter de tout, mais pour douter il faut penser le doute. La première vérité est celle de mon esprit. La vérité est adéquation de la pensée avec la réalité.

La vérité se manifeste aussi par son évidence propre (Spinoza). La vérité est à elle-même son propre critère. La vérité est donc étroitement liée à la réalité. La certitude accompagne l’idée vraie et l’erreur n’est qu’une privation de connaissance. La recherche de la vérité se fait par la connaissance.

Définir la réalité comme adéquation de la pensée avec le réel est stérile : nous ne pouvons pas sortir de nous-mêmes, de notre système de représentation pour confronter le réel et notre pensée. Tout ce que nous connaissons est représentation du monde.

 

3) la vérité en sciences expérimentales

La vérité absolue n’existe plus pour les scientifiques. On distingue deux sortes de vérités scientifiques :

la vérité formelle qui concerne le domaine de la logique. Elle ne se préoccupe que de la cohérence interne d’un raisonnement (le contenu n’importe pas),  elle possède un critère de vérité irréfutable,

. la vérité matérielle  qui concerne le contenu. Issue de l’expérimentation, elle peut être tenue pour vrai en ce sens que le vrai est ce qui est vérifiable. Le critère de vérité est ici la validité d’un raisonnement par l’expérience.

La vérité scientifique reconstruit la réalité à travers par une série d’opérations intellectuelles.

 

4) Kant et le critère universel de vérité

Il ne s’agit pas de chercher un critère absolu mais s’interroger sur les structures de notre esprit. Kant pense que nous ne pouvons connaître que dans le cadre spatio-temporel : le temps et l’espace sont les formes nécessaires de toute connaissance. On ne connaît des choses que leurs phénomènes et notre connaissance est basée sur l’intuition. La fonction de la raison est alors de synthétiser, de reconstruire. Mais ne pouvant connaître que les phénomènes, la raison ne peut donc pas connaître absolument. Le seul critère universel de vérité serait donc celui de se limiter au domaine de l’expérience sensible.

Kant remplace donc la question du critère universel de vérité par celui des trois conditions selon lesquelles une connaissance est admise vraie :

. la validité formelle,

. l’accord entre les objets de l’expérience et les condition à priori nécessaires pour connaître un objet en général, c'est-à-dire connaissance des phénomènes,

. la validation par l’expérience.

 

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